Gestion de l’usage d’une nappe par un groupement d’agriculteurs: l’expérience de Bsissi Oued El Akarit en Tunisie
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En Afrique du Nord, de nombreux aquifères sont surexploités, principalement du fait d’une agriculture irriguée intensive. Cependant, les politiques publiques qui ont cherché à réguler cet usage se sont montrées jusqu’à maintenant peu efficaces, du fait du manque de moyens et parce que les agriculteurs les considèrent comme peu légitimes. L’article analyse un cas de gestion collective de l’usage des eaux souterraines par les agriculteurs eux-mêmes, dans le cadre d’une association au Sud de la Tunisie. Dans la zone de Bsissi Oued El Akarit, l’administration multipliait dans les années 1990 les procédures de contrôle des puits, conduisant à de nombreux conflits. En 1999, les agriculteurs et l’administration se sont mis d’accord pour qu’un groupement de développement agricole soit créé spécifiquement pour contrôler les puits et forages dans cette zone. Depuis, le groupement a effectivement réussi à mettre en œuvre un tel contrôle, mais reste toujours fragile financièrement car il ne s’auto-finance pas. Le processus de concertation qui a conduit à ce dispositif de gestion a réussi grâce à : i) la posture de l’administration, à la fois ferme en matière d’application des lois en vigueurs, et ouverte à la concertation avec les agriculteurs, et ii) aux compétences et à la légitimité des leaders du groupement. Cette expérience montre que, dans certains cas, les agriculteurs peuvent devenir partie prenante d’une cogestion des eaux souterraines pour un usage durable de cette ressource.